Vol sur le relief méditerranéen...

  Page publiée le 23 juin 2014 et actualisée le 27 juin 2014

 

 

Voler en Provence n'est pas plus compliqué qu'ailleurs en vol mais pour se familiariser à l'atterrissage sur surfaces étroites et mal pavées cela exige une adaptation et des planeurs réputés robustes et de tailles modestes. C'est pourquoi il y a peu de temps, lorsqu'un vacancier allemand venu au terrain de vol à voile des Alpilles m'a demandé : "Où voler ici ? ", je fus très embarrassé sachant - après échanges de quelques propos, que le monsieur possédait un petit planeur en structure, construit amoureusement pendant les longs mois d'hiver et qu'il avait vraiment envie de le faire voler durant son séjour à Saint-Rémy de Provence. C'est en pensant à lui et en découvrant les images de la caméra embarquée pour un vol hier (22 juin 2014) qu'il m'est venu à l'idée de montrer et commenter les exigences d'un vol en Provence sur les petits reliefs qui bordent la belle Méditerrannée.

Viendra plus tard, la vidéo de ce vol car les images sont belles et très explicites pour bien comprendre les difficultés à surmonter et les risques à accepter avant de lancer son planeur sur une pente méditerrannéene.

Pour votre serviteur qui est né ici et qui pratique le vol de pente depuis 1968 dans cette région, ce vol n'a absolument rien de spécial. C'est l'environnement naturel des collines et des bois de cette région qu'il faut accepter car si on aime voler, on a pas d'autres choix. Et vous verrez - plus tard, que les vols dans de telles conditions vous seront profitables lorsque vous volerez en montagne et où que vous soyez. Le planeur adapté commence à 2 mètres d'envergure jusqu'à 4 mètres comme ici avec l'Alpina de Multiplex. Les ailes en structure sont déconseillées mais j'ai volé pendant des années avec de telles ailes avant l'arrivée des ailes coffrées Samba. Bref, inutile d'envisager de voler ici si la moindre éraflure gâche votre plaisir.

Arrivé au sommet de la colline, il convient de repérer le sens du vent, c'est une évidence, mais aussi les zones d'atterrissages, soit au sommet, soit en bas de la pente en cas de défaillance de l'effet dynamique.

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Faut-il rappeler qu'il faut des chaussures de marche robustes type "berger des montagnes", de l'eau, quelques outils pour le planeur, des Djeans et non un short et une casquette ...

Parvenu au sommet, l'environnement n'est pas celui des Puys auvergnats. Rochers, falaises, éboulis et petits arbustes piquants mais le tout très odorant. Ca c'est le plus ! C'est décidé,  on lance ! La brise de mer est régulière et bien orientée en ayant en mémoire qu'en fin de journée, il faut s'attendre à une petite rotation de cette dernière vers l'Ouest. Donc prévoir, soit l'arrêt du vol ou bien des faces mieux appropriées.

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La brise vient de la droite et derrière cette colline, une zone recouverte de chênes kermes bien dense. C'est préférable car les chênes protègent le planeur des rochers ou grosses pierres. Ce sera la zone d'atterrissage prévue.

La ligne de crête s'étire sur plus d'un km avec un dénivelé presque constant. Coté vent ce sont de petites falaises dont il faudra se méfier car le rendement est aléatoire et l'écoulement tourmenté...

Une crête escarpée avec en arrière plan une autre pente qui pourra être exploitée pour élargir la zone de vol et rendre le vol plus intéressant.

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Il va s'en dire que ce type de relief accidenté est propice à la naissance d'ascendances. Pour cet aspect des choses, la Provence est particulièrement privilégiée

 

 

Ce qui n'exclu pas les points de verdure lorsque la Durance répand son eau précieuse venue des Alpes

 

 

 

Ici on voit bien le rapprochement et la fin des deux massifs. La cuvette à l'abri du vent viendra alimenter régulièrement un excellent thermique. Pourquoi ? L'air prisonnier dans la cuvette se renouvelle moins vite que l'air ambiant et donc s'échauffe plus. D'où un déséquilibre thermique propice à la naissance de l'ascendance.

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Trois tours pas plus dans le thermique et nous voilà dominant la zone. Alors que faire ?

Et bien s'éloigner vers le sud pour découvrir d'autres thermiques -  sans risques, puis revenir vent dans le dos à grande vitesse.

Pour venir longer le relief avec un excédent de vitesse d'environ 30 %  pour conserver une excellente maniabilité dans les remous de la pente

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Profitant de la générosité du thermique, pourquoi ne pas aller sur la deuxième pente à portée de moineau ?

Et même passer derrière pour retrouver un autre thermique bien pourvu car alimenté par une vaste cuvette - elle aussi à l'abri du vent.

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La cuvette la revoici et  sa pente Nord que je n'ai jamais exploité. J'aimerai bien voler ici avec le 25 en décollant du champ...

Roches calcaire blanches favorables à un albédo "donneur"

Des petits reliefs certes, mais à l'échelle de nos planeurs  et qui se prolongent à perte de vue...

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Comment ne pas aimer cette terre de Provence ?

S'éloigner de la pente de départ est presque toujours possible. Encore faut-il avoir la curiosité d'aller voir ailleurs.

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Si cette curiosité est absente, pas étonnant qu'un jour vous vous lasserez du vol de pente.

Ici on est en vol thermique déclenché par le relief. Type de vol pour lequel j'avais imaginé ce trigramme VTR (Vol Thermique de Relief) pour encourager mes amis à pratiquer ce que j'estime être le vol le plus proche de l'esprit "Vol à Voile". Le vol avec ses incertitudes... mais aussi ses remontées du trou.

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Ici ces petits reliefs ne permettent pas de spectaculaires  remontées du trou, mais on peut s'entraîner à exploiter des thermiques étroits et turbulents.

Trouver la bonne inclinaison et la bonne vitesse pour bien monter sans se faire éjecter...

Et ne pas avoir peur de tester des zones "sous le vent" comme ici qui à la condition de ne pas être trop bas et permettre ainsi de monter encore plus haut

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La brise de mer souffle à cette altitude autour de 25 à 30 km/h. Proche du relief cette vitesse peut croître par effet venturi.

Ici on voit très bien la zone verte choisie pour poser l'Alpina. Elle est accidentée, il y a des trous, mais on a vu pire car sa surface est à considérer comme très grande.

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Exploration de la face Nord de la deuxième pente...  

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Le temps est venu de songer à l'atterrissage. Au préalable, il faut avoir imaginé son circuit d'atterrissage en prenant en compte les zones de fortes turbulences à éviter. Également éviter les zones où la portance serait forte, bref trouver un circuit court qui vous semble à la fois réaliste donc réalisable ! Vous me direz cela dépend de l'expérience de chacun. Je vous l'accorde et si une solution est adaptée à votre cas, pas sûr que ce soit valable pour tous ... Mais quand même, quelle que soit votre expérience, il y a une règle que l'on ne peut transgresser : Comme conserver - à tout moment - une bonne maniabilité du planeur. Comment ? En ayant une vitesse toujours supérieure d'environ 30 % par rapport au vol de "croisière" de votre planeur. Ensuite, pris dans les remous de la pente, ne pas se laisser intimider par les caprices du vent, des remous et que sais-je encore ? Les AF sont sortis en permanence ce qui a pour effet de rendre le planeur moins sensible aux remous. La pente d'approche sera gérée avec les AF sortis, ce qui veut dire qu'il faut oublier les approches longues et tranquilles à la "Papa". Ici on est dans le sportif : il faut se battre pour poser et plus l'opération sera brève, mieux sera le résultat. En deux mots : c'est pas le moment de se poser des questions. Il faut suivre le chemin prévu, s'y tenir et surtout ne pas douter du résultat !

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Ici les règles d'accès aux massifs dans les Bouches-du-Rhône  

Et si vous parvenez à gérer votre stress et bien vous poserez à quelques pas de vous dans les chênes kermes et vous n'hésiterez plus à revoler ici - en Provence !

Si d'aventure, vous venez en vacances en Provence avec un planeur pour la première fois, ne vous contentez pas de regardez ces photos mais relisez les commentaires de votre vénérable serviteur. Cela pourrait vous évitez des déboires. GR

Bonnes vacances et bons vols où que vous soyez !

GR