Journée de vol au Hahnenmoospass ou, quand on approche du divin !
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E-mail
du 20 juillet 2013 en provenance de Suisse
Tout
commence par une invitation de mon ami Pierre-Yves (PYB) à venir animer
une de ses journées de vacances à la Lenk. Lenk est un gros village –
station de ski – situé au fond d’une vallée alpine suisse, en bas du
versant sud du fameux col du
Hahnenmoos ( Hahnenmoospass en allemand). Côté nord, il y a Adelboden,
station nettement plus connue (pour son épreuve de coupe du monde) et
surtout étant l’accès habituel pour qui veut se rendre au Berghotel, le
très connu hôtel du Hahnenmoos.
Donc,
une fois arrivé à la Lenk, j’embarque PYB et son neveu pour aller
jusqu’au bout de la route autorisée, au Bühlberg. Là, on prépare le
chargement : en plus du pique-nique et des appareils photos, PYB et moi
avons exactement les mêmes modèles, à savoir, un Solius motorisé (le
dernier né de Multiplex), planeur de 2,2 m en « mousse », et, un
vénérable Ka6E du même fabricant de 3,75 m. C’est donc chargés comme
des mulets que nous commençons notre ascension.
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Photo 1 : Pierre-Yves et Christian sur le départ
Il
est prévu, sur le panneau, une marche d’une heure pour arriver au Hahnenmoos. Le départ est raide, mais, me promets PYB, après 20mn la pente sera plus douce, … La sueur apparait sur nos fronts. Le souffle se
fait plus court, roque et surtout sonore ! Je bénie le jour où je me suis arrêté de fumer, il y a 3 ans ! Alors que nous arrivons au terme de
ce raidillon, j’entends un moteur et en me retournant, j’aperçois un bus VW qui monte. Nous nous écartons, et je tends le pouce. Le conducteur, en me doublant prononce une phrase rocailleuse en Suisse-Allemand que je ne comprends pas. Je râle car je vois que le bus est vide en dehors du conducteur et d’une femme à ses côtés. 150m plus loin, il s’arrête.
Le conducteur aurait-il compris mes jurons ? Non, il s’est juste arrêté là car en dessous, il n’aurait pas pu redémarrer ! Nous embarquons en remerciant vivement ces bonnes âmes ! En chemin, nous
dépassons le groupe de marcheurs dont ils ont les sacs dans le coffre. Arrivés au Hahnenmoos, au fameux Berghotel, nous les invitons à boire un
verre pour les remercier. Une bonne bouteille d’Epesses fera l’affaire ! « Yoooodeliiiiiiiiiiiiii » lancent les marcheurs qui arrivent à leurs tours, et Irène, la dame du bus, leur répond de même ! Ils s’installent à la table derrière la notre, puis sur ordre d’Irène entament, en notre honneur, un Yodel, chant traditionnel suisse, à trois
couplets, vantant la beauté des montagnes (si j’ai bien compris).
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Avec la montée en bus, c’est le deuxième moment inattendu et inoubliable de la journée, mais ce ne seront pas les seuls ! Nous prenons congés de nos
Yodeleurs, pour nous rendre à notre lieu de vol. Avant, PYB va demander
dans l’atelier modéliste de l’hôtel pour poser un point de cyano sur le
palonnier de la dérive de son Solius, décolé lors du déchargement de la
voiture. Un homme agé le dépanne, puis son collègue lance « Ein moment bitte ! », se tourne dans son fourbis et en sort une fiole de cyano spécial polystyrène à peine plus qu’à moitié utilisée. Il la tend à PYB et lance en riant « Kit de survie ! ». Tout comme dans la corporation des motards, il y a donc une solidarité entre modélistes !!! Nous quittons l’atelier avec moultes remerciements et en se jurant mutuellement de réviser notre opinion des Suisses-Allemands, généralement considérés par les Suisse-Romands (francophones) comme des rustres égoïstes. Troisième moment exceptionnel !
Nous
gravissons rapidement le Schamli, la petite butte au sud-ouest du Berghotel, en haut de laquelle on domine la vallée d’Adelboden, côté Nord.
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Le Schamli vu du Berghotel
Il
est possible d’y voler des deux côtés, mais aujourd’hui, comme depuis plusieurs semaines, le vent dominant est Nord ou Nord-Est. Si le vent est là, bien établi, personne n’est au sommet. Un suppositoire à pompe, typé F3machin, est posé dans l’herbe.
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Côté Nord, la déclivité est importante, le trou profond, … mais la manche à air gonflée !
En
s’approchant du trou, impressionnant, je vois un planeur jaune en mauvaise posture, posé à l’envers sur un bout de pré d’herbe très pentu.
Quelques minutes plus tard, une silhouette se détache derrière la crête
en arrière plan du planeur. Son propriétaire est donc parvenu à proximité de son planeur. Sa radio, une MC4000 2,4GHzisée est à un mètre
de moi, posée dans l’herbe. Ici, on fait confiance ! Le pilote récupère
son avion et disparait derrière la crête.
Nous
avons monté nos Solius et nous les lançons dans le vent généreux et régulier. Surprise ! Malgré ce courant d’air et le temps ensoleillé, nos
planeurs tiennent à peine ! L’altitude, la densité moindre de l’air semblent être l’explication à ce comportement surprenant. Surfant de zone portante à d’autre dégueulante, notre vol d’apéritif se termine rapidement. Nous entamons notre pique-nique. Nous avons ensuite volé de concert ou alternativement nos Solius, avec pour objectif de n’enclencher la boite à électrons qu’en dernier recours. A ce jeu, il semble que, malgré ma mauvaise vue, j’ai été le plus audacieux, cherchant jusque bien bas la bulle salvatrice.
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Solius en remontée du trou
PYB,
lui, me surprendra à aller en chercher une vraiment loin dans ce somptueux décor. J’ai estimé (en l’absence de vario embarqué) que la plus forte m’avait fait gagner 50 m en un tour ! … mais les dégueulantes
étaient aussi bien là !
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Photo 5 : Quel plaisir d’évoluer dans un tel décor !
Ceci
ne nous mettait pas en confiance pour mettre nos Ka6 en l’air, et nous nous en étions presque fait une raison. C’est que le trou est profond ! Y
poser, c’est 2 heures de marche !
Dans l’après-midi, nous faisons une pose et allons voir où est le planeur jaune
du pilote qui l’avait finalement abandonné sur une pente trop abrupte pour son courage. PYB, légèrement inconscient, ira récupérer ce beau Cobra 3, non sans efforts ! Et je regrette de n’avoir pas suivi le conseil de Gérard : pour voler en montagne, il faut des bonnes chaussures et une corde ! Ce dernier accessoire nous manquait, et il m’aurait bien rassuré !
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Photo 6 : Pierre-Yves soutenant le saumon du Cobra 3, en compagnie des Ka6 qui attendent leur heure !
Enfin,
vers 15h15, PYB vole sans que son Solius ne semble trop affecter par les zones moins portantes, et, sous son insistance, après son atérro, je
me décide : il propulse mon Ka6 ! Ce planeur, ça fait 2 ans que je l’ai, je l’adore, mais je ne l’ai quasiment pas fait voler. J’ai le palpitant à 100 mille ! Il part tranquillement, droit, et prend tout de suite l’air après la petite pichnette, vers le bas, du lancer. Je préviens PYB, « dépêche-toi de faire des photos, je ne volerai pas longtemps ! ». Le planeur me mets en confiance, il évolue lentement. Il répond de façon homogène à mes ordres, mes manches oscillent sur à peine
1/4 à 1/3 de leurs courses sur les longs huits que je lui imprime le long de la pente. Il apprécie de bien être botté à la dérive. Je prends confiance. Je maintiens le planeur à une altitude entre -10 et + 30 m par rapport à moi, mais petit à petit, je m’écarte un peu ne craignant plus trop la mauvaise dégueulante. Ce planeur est un sacré voilier ! PYB
mitraille la scène, il crie «C’est splendide ! C’est majestueux ! ». Il
a sacrément raison. Je me régale !
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Photo 7 et 8 : Mon Ka6 en vol au Hahnenmoos, le rêve !
Finalement,
au bout de 20 minutes, je viens poser, toujours avec appréhension : tout l’après-midi, il m’a fallut remettre du moteur à mon Solius pour venir me poser sur cette pente côté Sud. Je le présente bien, venant par
le côté à une altitude à peu prés constante, en finale. À 50 cm du sol,
ailes parallèles à la pente, je tire un peu violemment sur le manche des AF, le Ka6 apponte. Tout va bien. C’est l’extase ! J’embrasse PYB qui semble aussi heureux que moi. Je cris des « Youpee ! », des « Yodoleïtououou ! ». C’est le bonheur !
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Photo 8
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Photo 9 : Le Bonheur est après l’atterro
Maintenant,
c’est au tour de PYB. Je lance son Ka6. Il part sur l’aile droite, mais
PYB le rattrape aussitôt. C’est parti pour lui aussi pour un grand moment d’apothéose. Tout à l’heure, c’est lui qui voulait que je sois le
premier en l’air, prétextant que j’avais plus d’expérience en montagne que lui, mais lui, son expérience est plus grande, en années, sur avions
et hélicos, et maintenant en planeurs. Il a nettement plus confiance en
lui. Son planeur avance un peu plus vite et semble mieux tenir encore que le mien, alors, le Nikon dans les mains, je l’invite à aller placer son planeur dans ce décor admirable pour que les souvenirs en images soient encore plus beaux !
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Photos 10 et 11 : Le Ka6 de PYB dans ses œuvres
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Photo 11
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Que du bonheur !
Ces vols de nos Ka6, en montagne, au Hahnenmoos, ça nous fait, pour cette journée, deux évènements inoubliables en plus !
Il
est 16h30. Nous plions nos affaires et allons déguster une choppe bien méritée au Berghotel. A l’atelier, PYB laisse le Cobra 3 au Monsieur qui
lui a mis le point de colle ce matin, car il connaît le propriétaire du
planeur jaune. Encore un plaisir ! … peut-être le meilleur : celui de faire plaisir ! Nous pouvons ainsi contribuer à la solidarité modéliste.
Nous
descendrons, à pied, les épaules chargées mais le cœur léger. Nous sommes portés par la joie d’avoir vécu une journée exceptionnelle. Cette
joie nous habite encore, plusieurs jours après ! Une vraie cure de jouvence !!!
PS :
J’invite tous les amoureux du vol de pente à venir (re)découvrir ce lieu superbe, où les sites de vols sont nombreux, pour ceux qui n’hésitent pas à marcher. De plus, le Berghotel a fait peau neuve, il est splendide, on aurait presque envie que le temps se gâte pour y rester !
Christian, alias Chris Ze Sting
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