Libres Propos...

 Page créée le 14 février 2008 et actualisée le 16 février 2008 

 

  Histoires de volibristes vécues au grès du vent... 

La dernière communication est en haut de page et on empile...

 

E-mail du 16 fev 08 de JAS

A propos de bullométrie et de l'utilisation de moyens "exotiques".

Ernst Haas, dont les performances en étonnèrent plus d'un, lors d'un championnat du Monde de vol à voile : Il utilisait un "centreur de pompes" composé de thermistances logées dans les ailes et d'un galvanomètre dont le zéro était au milieu. Il suffisait de serrer la spirale vers l'aile "la plus chaude."

Clément Ader, puis Louis Mouillard, repris par Georges Houard, qui entrevirent la possibilité de routes aériennes "sur les chemins d'ascendances formés par les grands courants atmosphériques..."

Plus proche de nous, Christian Ravel, commandant de bord instructeur sur 747 C, dont le délice était de relever tous les commutateurs, radar, contrôle d'assiette, ILS, etc... en finale, proposant à l'impétrant, futur "place de gauche" de "se la faire à la main !" Parce que, disait-il "comment vas-tu faire si l'électronique décide subitement de partir en vacances ?" Poser "aux fesses" (et en glissade SVP !) un engin de plusieurs centaines de tonnes... mazette !

Ou encore plus personnel, mon chef pilote préféré (Roland O...) qui me hurlait "de lui f... la paix à ce planeur ! Il vole très bien sans toi !" N'empêche. J'aimais bien le discrèt bip-bip de mon vario.

Il faudra que je fasse un sujet sur le vol libre F1A moderne : Minuterie électronique commandant de petits servos pour la "robotisation" de l'appareil. Mais surtout micro GPS avec alti et vario permettant de restituer sur un PC tous les paramètres du vol. Voire de régler finement le passage du "bunt" ou le rayon de virage, l'incidence variable, via un micro récepteur embarqué. On peut ainsi voir qu'avec un câble de 50 mètres, il est possible de percher le taxi à plus de 85 mètres !

C'est plus du vol libre, direz vous ? Si : La règle reste qu'il n'y a pas d'intervention extérieure au cours d'un vol officiel.

Mais tous ces petits systèmes, appareils de mesures et artifices ne sont-ils pas autant d'outils Que nous pouvons utiliser avec discernement et cohésion ?

A suivre...

@+

En ce qui me concerne je suis tout à fait d'accord pour utiliser - dans un loisir technique - toutes les ressources que la technique - imaginée par l'homme - nous offre. Ce n'est qu'une question de bon sens et de logique. Le seul problème c'est de découvrir des logiques différentes en particulier issues de gens particulièrement fermés à tout progrès.

Si je me laissais aller je serais très sévères envers ce type de personnage qui s'arrange - en plus - de tenir des postes clef pour freiner, voire faire reculer tout progrès. Et cela pas qu'en aéromodélisme bien sûr.

Je ne citerais qu'un exemple parmi tant d'autres : L'interdiction d'utiliser sur une maquette radiocommandée les gyroscopes. J'aimerais savoir - dans ce cas précis - qui ça peut gêner de voir voler avec plus de sécurité une vieille maquette d'un avion très mal conçu à l'origine ? Qui ?  

Le vol à voile a eu en son temps le même type de problème à l'arrivée des premiers varios avant la dernière guerre. Tous ceux qui pilotaient avec" leurs fesses" étaient contre bien sûr. Ces braves garçons manquant de perspectives n'y voyaient qu'une facilité plus proche de la tricherie que du progrès. Les vélivoles ont sus passer outre ces "intégristes" et aujourd'hui pour faire de très longs vols les calculateurs sont obligatoires et la sécurité est grandement améliorée. De plus il ne viendrait pas à l'idée de ces vélivoles modernes d'interdire à d'autres vélivoles de voler "avec leurs fesses".

Donc pour résumer se méfier des intégristes de tout poil et dans tous les domaines.

"le plus difficile, c'est de ne pas surpiloter le planeur ..." j'ai noté cette expression très juste de E. Ragot parfaitement applicable au pilotage des planeurs de très grands allongements. Il n'y a rien à ajouter, si peut-être... "Le laisser aller..." je dirais " l'accompagner". Et JAS qui ne manque pas de verve, reformule tout ce qui vient d'être dit et ceci pour être compris de tous : " Le pilotage ne consiste qu'à emmerder les avions. Laisse le faire. Il est assez grand !"  

A ce sujet il semblerait que ce soit la philosophie adoptée par tous les grands avionneurs pour accroître la sécurité et économiser du pétrole. Le pilote devenant un gestionnaire de vol à 95 %. Les 5 % restant en cadeau lors de l'arrondi pour qu'ils ne perdent pas la main et conservent le plaisir de piloter. Je commence à comprendre pourquoi ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer aujourd'hui l'aéromodélisme...   GR

 

Autre point qui mérite d'être explicité : La bullométrie.

Les volibristes utilisent certains artéfacts permettant de détecter le départ des pompes. (ascendances pour les traducteurs...)

En concours Electro 7, j'avais proposé de mettre aux coins du terrain des rubans de Mylar sur des cannes à pêche. On me l'a refusé, sous prétexte que ce serait une aide "extérieure" (traduisez "occulte et illégale") bien que RIEN dans le règlement ne le stipule. Et comme l'esprit des Lois est que ce qui n'est pas expressément interdit est autorisé... Mais bon.

On pourrait utiliser de tels dispositifs en F3K, en F3I, toutes les catégories très proches de l'esprit du vol libre. (Emmanuel Ragot, champion de France F1A, me disait l'autre jour que "le plus difficile, c'est de ne pas surpiloter le planeur F3K. Le garder dans une configuration de vol juste retenue aux manches. Le laisser aller.") Souvent, on voit des RCistes spiraler à un endroit du ciel ("y'a une bulle ici") en se repérant sur des éléments fixes dans le paysage. "La bulle est sur le parking. Elle est à côté du gros arbre." Sans admettre qu'une pompe, c'est vivant et que ça voyage.

Mais je pense ne rien t'apprendre. On sait ce que c'est qu'un "bilan-vario".

Et, au final, chaque concurrent pourrait - puisque dans maintes disciplines on a droit à un aide - profiter des indications bullométriques visibles par tous.

Qu'en penses tu ?

 

E-mail du 08 février 2008 de Jean-André Simon..

A ce propos, il y a des histoires délicieuses, comme celle qui est arrivée cette année là (1942) à Claude Weber...

Depuis le Polygone, une belle pompe emporte son planeur vers les nuages. Comme de bien entendu, c'est toujours dans ces moments de félicité que la mèche se met à foirer... et le planeur poursuit gentiment son voyage, direction Paris. Perdu de vue au dessus de la capitale.

Pleurs, larmes et désolations à peine séchées, une lettre parvient chez Weber : "Récupérez votre planeur à telle adresse, dernier étage, poste du DCA allemand."

Muni de sa caisse à modèles, le petit Claude se présente à ladite adresse où le concierge, l'air un peu suspicieux, lui indique qu'il y a bien une batterie de flak sur le toit en terrasse. Le dernier étage est occupé par les servants.

Escaliers quatre-à-quatre. Toc toc toc. "Was ist das ?" etc. Là un jeune officier parlant très bien le français le reçoit, lui ouvre une armoire où le planeur est rangé bien à plat, les ailes démontées, lui pose quelques questions sur le modélisme en France, le félicite et le remercie fort courtoisement en claquant des talons.

Redescendu en bas de l'immeuble, Claude franchit la porte cochère, pose un pied sur le trottoir... et se fait tomber dessus à bras raccourcis par deux flics (français) alertés par le concierge. Il l'avaient pris pour un terroriste !

Moralité : 1) Ne soyez pas de mèche avec n'importe qui. 2) Indiquez une adresse ou un téléphone sur vos modèles. 3) Vérifiez que les batteries (!) sont chargées... (Chassez l'intrus - Only for enjoy !)

JAS

 

 E-mail du 12 février 2008 de Jean-André Simon... 

Une petite dernière, que Claude m'a raconté il y a quelques années. C'était à Viabon en Beauce. Je liais connaissance avec mes futurs compagnons des 4A et les derniers verres d'un excellent petit Anjou déliaient les langues.

(Car le gaulois cultivait la vigne bien avant l'occupation romaine. Ce qui n'empêcha pas ces envahisseurs de prétendre que "in vino veritas"...) 

On ne faisait pas que des planeurs, à l'époque de l'occupation. Des montgolfières aussi.

Claude était fils de Charles et Andrée Weber, fondateurs en 1923 du tout premier magasin de jouets et modèles réduits "la Rose des Vents" boulevard des Filles du calvaire. Tout petit, Claude a nagé dans cette ambiance et appris à réparer les jouets pour les clients. (On ne jouait pas avec la marchandise, hélas !) Son grand père était horloger. C'est lui qui a signé les pendules des principales gares parisiennes.

Rien d'étonnant donc à ce qu'il se passionne pour la micromécanique et termine sa carrière comme dessinateur projeteur chez Hispano. Les systèmes optiques montés en pods sur les rotors d'hélicoptères, c'est lui.

Malgré l'age il a toujours de ces petits rires cristallins. Et j'imagine le petit garçon espiègle qu'il a été...

Une montgolfière, donc. "Hénaurme". Fabriquée avec du papier kraft. Un grosse enveloppe supportant un petit réchaud rempli de boulettes de papier. Histoire de prolonger le vol.

Ca décolle. Et comme vous devez vous en douter, ça part vers Paris... (Qui a dit que l'histoire ne repasse jamais les plats ?) Enfourchant sa bicyclette, voilà notre jeune Claude en chasse à travers les rues. Pas trop de circulation, à l'époque ! De rues en avenues, il entrevoit sa montgolfière, au dessus des toits.

Et il tombe sur un carrefour où la police l'intercepte :"Halte ! On ne passe pas !" Un attroupement s'est formé. Il y a des types "louches" en manteau de cuir et chapeau mou qui galopent dans tous les sens. Un quidam lui souffle à l'oreille qu'un parachutiste a sauté sur le quartier. Et que la Gestapo le recherche...

Claude a alors rebroussé chemin et est rentré en siflottant, l'air absolument détaché, boulevard des Filles du Calvaire...

Parfois, il vaut mieux ne pas demander son reste. 

(A graver dans le marbre !) 

JA S.