Le pilotage des planeurs...

  Page publiée le 22 décembre 2005 et actualisée le 04 décembre 2022

 

 

 

Rubrique destinée aux débutants et ayant comme précepte " Nous ne détenons pas la vérité absolue, mais nous tentons inlassablement de nous en approcher". Et ce n'est pas facile tous les jours ! GR

 

E-mail du 11 décembre 2005

Bonjour monsieur R.

Je suis un fidèle lecteur de votre site que je consulte quotidiennement. Je me suis remis à l'aéromodélisme il y a de ça environ deux ans à la  fin de mes études, mais je n'ai pas la possibilité de recevoir des conseils pour le pilotage des planeurs RC. Après plusieurs modèles de conception personnelle, qui volaient bien mais sont vite devenus trop abîmes, j'ai récemment commandé un ASW 27 de 2m de chez HF modell en vue de passer d'ici un an sur un 3m  avec AF TR et volets.

 Je lisais hier dans une de vos chroniques que l'erreur classique du débutant concernant l'approche était de venir de très loin et au raz du sol, il valait mieux faire une approche pentue. Comment faire une bonne approche sans aérofreins avec un planeur qui allonge sans poser à pleine vitesse? Cordialement.

 T N

 Réponse des GPR :

Comme dans tous les sports le débutant a l'art de compliquer ses actions. Le résultat - pour certains d'entr'eux, est un apprentissage long et pénible à vivre surtout en aéromodélisme. Plus qu'ailleurs, le pilotage exige la gestion simultanée de nombreux paramètres : Vitesse, trajectoire, altitude, coordination des commandes, moteur, aérofreins, etc. Bref, pour celui qui sait et qui maîtrise, il n'y a rien de bien compliqué. Toutefois, la réalité est tout autre pour celui qui débute.

Peut-on apprendre à piloter dans les livres ?

La réponse est non, toutefois pour nuancer cette affirmation, il ne peut pas être nuisible de s'informer par la lecture. Et de tenter - sur le terrain, d'appliquer quelques conseils de bon sens et surtout respecter une méthode. Il est bon de rappeler que l'aide d'un instructeur faisant exécuter un programme précis à son élève est de loin préférable au pseudo-moniteur qui laisse faire n'importe quoi et qui est là pour rattraper le modèle à la dernière seconde. Transmettre ses connaissances en pilotage n'est pas chose facile et cela écarte toute improvisation.

Votre question "Comment poser un planeur sans AF ?"

Tout d'abord en exécutant le circuit d'atterrissage classique comparable à ce qui se pratique dans la grande aviation. Une vent arrière, une étape de base et une finale. Toutes autres solutions relèvent de l'acrobatie improvisée. Ce circuit est applicable par tous les engins volants à moteur ou sans moteur avec ou sans AF. C'est la règle de base ! Dans le cas particulier du planeur sans aérofreins, la seule solution consiste à voler moins haut afin de parvenir à la bonne altitude en entrée de piste. En outre il faut être capable de répéter toujours le même circuit, celui qui va bien avec le site de vol. Le début de vent arrière se fera donc plus bas, mais surtout jamais loin de vous. Il faut - dés le début - apprendre à voler sans s'éloigner car le débutant ne sait pas interpréter une position lointaine de son appareil. Et tous les débutants - bien sûr, volent trop loin avec un vent et des turbulences qui compliquent sérieusement les choses ! Apprendre également - dés le début, à ne pas avoir de préférence dans le sens du virage. Il faut donc savoir profiter du changement de vent, pour inverser le circuit d'atterrissage et donc combattre cette handicapante manie d'avoir un sens de virage préférentiel. La meilleure méthode pour régler définitivement ce problème est de pratiquer souvent le vol de pente.

Sans AF, il y a aussi la vieille PTS chère à nos anciens (prise de terrain en S). Cela permet de consommer de l'altitude en entrée de piste et de se poser en ayant la bonne altitude au seuil de piste. Mais cette solution exige une maîtrise parfaite du pilotage car les virages à forte inclinaison se succèdent et cela à proximité du sol. A réserver donc aux pilotes confirmés.

L'arrondi : ne jamais pousser le manche mais toujours refuser le sol jusqu'au décrochage de la voilure. Pour cela l'inclinaison doit être parfaitement nulle et la vitesse proche de la vitesse de décrochage. Un excédent de vitesse se traduit toujours par un rebond, voire plusieurs...et cela est la preuve que vous avez poussé sur le manche ou que vous volez trop vite ! L'excédent de vitesse doit être perdu lors d'un palier proche du sol tout en refusant le sol, sans intervention sur les AF qui doivent être sortis depuis l'entrée de piste. Toutes actions sur les AF à proximité du sol n'est pas gérable et conduit à l'échec. Les terrains ayant des limites imposées, il va de soi que l'altitude du planeur en entrée de piste est située dans une fourchette assez étroite selon les planeurs et la force du vent.

Remarque : Tous les planeurs "allongent", ils sont même conçus pour cela. Cette caractéristique doit être comprise comme un avantage et non une difficulté. Il faut donc apprendre à estimer les angles de plané pour aller d'un point à un autre, par vent nul, vent de face et vent arrière. De cette caractéristique propre à chaque planeur, vous apprendrez à gérer les trajectoires et les altitudes réalisables sans risque de ne pas rentrer. Et pour acquérir et assimiler toutes ces informations il faut beaucoup voler si votre temps libre vous le permet, ce que je vous souhaite !

Circuit court ou circuit long ?

Chacun traite cette étape de la fin d'un vol sans beaucoup y prendre garde en particulier en plaine. Tout est permis et on peut constater que plus le planeur est grand, plus les circuits s'allongent. A ce jeu - pour notre confort - on a tendance à penser que plus la finale sera longue, plus on a du temps pour s'aligner à l'axe de la piste. Oui mais en absence de vent ! Imaginez maintenant une longue finale vent de travers... Ce sera un supplice. Et que dire de la maîtrise de la pente lors d'une longue finale en air agité ? Bref deux exemples et il y en a bien d'autres pour dire : Apprenez à réduire vos circuits d'atterrissage chaque fois que c'est possible ! Utilisez des que possible les AF tout sortis pour augmenter et stabiliser la pente. Le planeur sera moins sensible aux turbulences et vous améliorerez la précision. Seuls les grands planeurs à grand allongement qui ont un taux de roulis faible échappent partiellement à cette recommandation. Les circuits courts sont impérativement utilisés en vol de pente : une bonne école finalement pour parvenir un jour à maîtriser ses planeurs... et ses avions !

  

Interprétation...

Ici la silhouette vue par le pilote

 et la première interprétation possible : virage à gauche

 et la seconde : virage à droite.

Une situation qui est le résultat d'un manque de concentration dû à une distraction de l'esprit ou bien le fait d'un événement externe.

Pour lever le doute en pareil cas et sans attendre, envoyer un ordre dans le sens que vous souhaitez et observez ce qui se passe.

Comment éviter l'arbre qui traverse le terrain...

Il est fréquent d'entendre dire : " s'il y a un arbre dans le secteur, je n'ai pas de chance, il est pour moi !". On a presque tous connus ce type de déboire lors de nos débuts et parfois cela persiste ou bien revient plus tard en particulier lorsque nous avançons dans l'âge...

Voilà comment j'ai tenté d'expliquer le phénomène depuis des années. Cela me semble-t-il est dû au fait que notre trop forte attention visuelle sur l'objet que nous suivons (le planeur) efface à notre insu tout ce qu'il y a autour. Notre cerveau se comporte comme si nous zoomions un maximum sur l'objet, ce qui élimine tout l'environnement dans lequel il évolue. Dans de telles circonstances d'observations, votre regard ne peut percevoir et surtout, ne voit pas venir, l'arbre présent sur le terrain.

Alors on fait quoi ?

Vous aurez remarqué aussi que les collègues qui observent gentiment la scène d'un atterrissage eux ont - une vue globale - qui intègre le suivi de votre trajectoire et la présence de l'arbre. Ils sont les mieux placés pour voir arriver le crash et pas vous malgré votre hyper attention !

Que faut-il en déduire ?

Et bien qu'il faut absolument se détendre comme le sont vos collègues !

Prendre le temps de quitter quelques millisecondes votre planeur des yeux pour observer globalement la zone que vous allez survoler et ainsi parfaitement évaluer votre position par rapport à la trajectoire idéale que vous souhaitiez suivre. Cela sous-entend que l'on improvise pas un atterrissage à la dernière minute et que votre circuit doit être respecté. Pour cela, il doit être gravé dans votre esprit avant le décollage. Ce petit exercice visuel exige toutefois un effort car on aime pas sortir de sa zone de confort avec la peur - non avouée - de ne pas retrouver son planeur après ce bref exercice. Et pourtant il n'y a pas d'autres solutions ! Il faut donc régulièrement s'entraîner pour parvenir à ne plus douter de soi et donc être parfaitement détendu.  Le petit exercice visuel indispensable ne sera alors qu'une formalité !

GR