Le Ventoux...

  Page publiée le 18 août 2014 et actualisée le 06 décembre 2021

 La montagne qui se voit de loin....

 

A l'époque des photos noir & blanc voler c'était prendre ses distances avec les règles de la société pour retrouver un peu de liberté. A cette époque bénie - j'allais dire des dieux - il ne venait à l'idée de personne de vouloir interdire à un planeur de se poser au sommet du Ventoux. C'est pourquoi l'équipe des Alpilles ne put résister à cette tentation et ils décidèrent de poser ce Castel 311 dans les cailloux du col des Tempêtes et de le remorquer de là-haut pour retrouver son bercail à Romanin. Votre serviteur connaît cette photo depuis les années 60 et probablement elle a été le déclic pour aller faire voler son Alpina Rc soixante années plus tard là-haut. Bref le modeste reportage qui suit n'est pas celui d'un exploit mais plus simplement d'un vol qui aurait pu s'achever dans la forêt. Et pour finir sachez qu'aujourd'hui en cette époque - non bénie - et c'est dommage, il est désormais interdit de pratiquer le vol de pente Rc... Sait-on jamais ce qui pourrait arriver alors qu'à cette même époque on envisage le survol des agglomérations par des drones électriques et cela pour promener des passagers pressés - sans pilote à bord - pour aller du yacht à l'hotel... La logique des temps modernes n'en finit pas de m'épater ! GR

Pour tout vous dire, j'ai hésité à monter cette vidéo car je pensais : "Il n'y a rien à voir, pas facile de traduire une descente au trou en vidéo avec si peu de moyen". Je me suis donc ravisé considérant que ce vol pourrait intéresser quelques personnes expertes du vol en montagne et qui par les froidures d'hiver apprécieraient ce moment de descente au trou où rien ne se passe  comme l'on voudrait. 

Vous noterez qu'avec la dureté de l'atterrissage, la Mobius s'est détachée de son support et c'est pourquoi on voit l'Alpina les fers en l'air.  

Je vous souhaite de franchir 2015 dans les meilleures conditions possibles, sans turbulence et une année 2015 toute en douceur.

GR

 

L'intérêt de cette vidéo pour celui qui est aux manettes est de voir ce qui se passe en étant à bord du planeur en difficulté. En visionnant le vol, j'ai été surpris par la proximité du sol durant presque tout le vol, alors que je pensais que ce n'était pas le cas. Le profil de cette pente sud est particulier, aucune falaise et un éboulis à perte de vue qui vient mourir dans les sapins. Mon grand regret, ne pas avoir survolé le sommet...Il faudra donc revenir !

 

 

 

 

 

 

Montage Vidéo avec Corel VideoStudio X7

Pour ceux qui voudraient se lancer dans le montage de petites vidéos et le diffuser ensuite sur YouTube sachant qu'il y a 2 façons de publier : soit en mode privé (pas très concluante) et publique. Voici deux captures d'écran montrant le travail sur table de montage offerte par Corel pour cette vidéo très simple.

  • La première pour l'assemblage des clips découpés avec en dessous la ligne des commentaires (textes en vert) après être avoir charger la bibliothèque (en haut à droite) des rushs produits par les caméras.
  • Et la deuxième capture montrant (couleur bordeaux) la bande son pour adapter la musique aux différentes scènes.

Pas moins de 46 clips assemblés avec plus ou moins de bonheur. Soit des images et de la vidéo.

 

On peut réduire ou supprimer le son  source pour privilégier la musique. Opération à réaliser en dernier  sinon gare, toute la bande son est à revoir.

 

 

Massif calcaire dominant la Provence, le Ventoux est visible d'où que l'on soit, y compris des terres languedociennes. Pour les habitants de la basse vallée du Rhône, il ne se passe pas un jour sans que chacun de nous scrute le ciel et le Ventoux pour apprécier le temps qu'il fera dans les heures à venir.  Pour les vélivoles, le Ventoux est un excellent indicateur permettant d'estimer le plafond des nuages et leur évolution. Pour nous les "planeuristes" et bien le Ventoux on aimerait le voir plus "herbeux" et donc moins caillouteux. Des pierres de couleur blanche qui - si l'on n'y prend pas garde, selon la saison - ferait penser que la neige est tombée durant la nuit...

Alors les cailloux comment s'en accommoder ? Et bien c'est simple : il faut les oublier et se dire qu'un vol là-haut en ce lieu grandiose, impressionnant et unique, cela vaut bien d'accepter quelques bobos lors de l'atterrissage.

Toutefois le risque n°1 n'est pas là, car le vrai risque est d'aller "au trou...". Là aussi, il faut y être préparé pour limiter les effets nocifs d'un certain niveau de stress. Bref, si vous parvenez à accepter ces contraintes et que la chance vous sourit, vous devriez faire un vol inoubliable. Et je crois que c'est ce qui m'est arrivé ce lundi 18 août 2014 en décidant de lancer mon vieil Alpina des années 80.  Mon petit fils Alexandre qui m'accompagnait n'aurait jamais accepté un échec de son grand-père, aussi je me devais de bien gérer ce vol que je qualifierais de difficile. Une déception quand même, après la remontée du trou, le ciel s'est assombri soudainement m'interdisant de dépasser et de survoler le Ventoux. Dommage... GR

 

 Mais avant de voler (qui n'était pas le but avoué de cette balade) allons observer ce massif de plus près qui culmine à 1911 mètres... Presque toutes les photos sont proposées en GF.

Première difficulté à partir de Bédouin, (côté Sud du Ventoux) c'est le doublement de centaines de cyclistes tout au long de l'ascension en faisant très attention à ceux qui descendent...

Tous ces véhicules ne sont pas que des touristes, mais le véhicule de l'accompagnant du sportif de la famille qui a décidé après un bon repas de gravir un jour le Ventoux.

Ici c'est le Col des tempêtes : Un lieu qui m'a jadis fasciné car une photo étonnante des Alpilles montrait  un planeur C311P parti de Romanin qui s'était posé là devant vous, mais que - plus dingue encore, le Chef de centre Louis Brun était venu le remorquer ici avec le Morane 502 !

Versant Nord du col des tempêtes le voici ...Plutôt abrupt. Autant vous dire que par fort mistral ici les cailloux volent ! Volable pour nous aussi par petit temps mais avant de lancer regardez bien la pente...moi j'hésiterais.

Lorsque vous avez pédalé depuis Bédoin comme un malade, ici on vous attend ! Sucreries, saucissons de toutes sortes, eaux plates malgré le relief, et cartes postales. Bref, il fait bon poser le pied à terre que vous soyez monté en vélo ou bien en voiture. Rien à visiter toutefois, on se contente d'admirer le paysage si la visibilité s'y prête. Vers midi il faisait 19°C et en bas il était prévu 29°. Un coupe-vent est donc apprécié car généralement le vent ou les brises sont toujours présentes.

Repas sur l'herbe si j'ose dire - à l'abri du vent ici avec cette magnifique vue... On a de la chance de vivre dans cette région !

Et en me retournant dans mon fauteuil, voilà ce que j'ai pu voir... Lorsque je vous dis que ce site est unique - faut me croire ! Vous pouvez agrandir la photo et remplir votre écran : cette photo est unique !

Les télés sont parfois étonnants (600) : Toujours de mon fauteuil mais devant moi, cette fusée qui s'apprête à décoller !

Il est environ 15h30 et la décision est prise avec Alexandre : nous allons voler car la brise de pente se maintient ! Vous pouvez apercevoir la petite Mobius sur son support qui n'en croira pas ses yeux durant tout le vol...

Alexandre est en formation "vidéaste" et il a oublié de passer par le réglage de la balance des blancs (comme si cette opération ne pouvait pas être automatique alors que l'appareil regorge de gadgets). Résultats des couleurs bleutées que je préfère vous présenter ci-dessous en N & B.

L'instant du départ avec toutes les incertitudes en pareil cas, mais une certitude toutefois : difficile de courir durant quelques pas dans les cailloux du Ventoux !

Et déjà les premiers nuages annonciateurs de l'arrivée de la perturbation pour demain, mais elle sera là dans la nuit.

Et l'Alpina contrairement à mes attentes ne cessera de descendre malgré la présence de trop brèves ascendances - fort étroites et difficiles à exploiter. Mais après lecture de la vidéo, j'ai compris le pourquoi de ces petites ascendances...

En effet, durant toute la descente je découvrais grace à la vidéo que je volais trop près du relief : par moment une dizaine de mètres... Vu de mon point de pilotage j'avais le sentiment d'être beaucoup plus éloigné et cet éloignement allait me poser rapidement des problèmes de vue. D'où ma réticence à m'éloigner encore. De plus, pas de variomètre, pas de jumelles, on fait ça à "l'ancienne" avec les moyens du bord...

La vidéo que je monterais permet de voir la proximité du sol et me permet de revivre avec encore plus de stupeur ce vol qui n'est plus de mon âge !

Ici un faux plateau et l'Alpina à moins de 10 mètres des cailloux... Ce qui est rassurant quand même si d'aventure on se posait par là, c'est qu'il est possible de retrouver la machine car la zone est peu boisée alors que plus bas...

 Par moment la rencontre d'une bulle me faisait remonter à la fois le moral et le planeur, mais après deux tours elle disparaissait ou bien j'en étais sorti ce qui est plus probable. Et le planeur s'enfonçait inexorablement un peu plus...

 Mon erreur serait due à la configuration du relief (faible pente) et à son immensité. D'où la difficulté de s'en éloigner et donc de voler à proximité du relief. Pas de doute pour moi, un thermique plus en amont de la pente masquait l'écoulement de la brise de pente que j'avais pourtant surveillée pendant une bonne demi-heure. Ce thermique aspirait tout, y compris la brise de pente qui aurait dû m'aider au moins à ne plus descendre. Le vent du gradient le matin était plein Ouest et j'avais sagement attendu l'installation durable de la brise de pente. Mais voilà, je me suis trouvé en pleine situation VTR sans aide dynamique du système d'écoulement.

 Alors en pareil cas que faire ? Et bien cesser de rêver qu'une ascendance va enfin naître sous vos ailes, mais aller plus loin en s'éloignant de la pente de façon à échapper aux bulles éphémères et inexploitables. Et là, généralement on rencontre toujours un thermique qui mérite bien son nom - puissant et bien large - pour ne pas avoir - de surcroît - à voler à forte inclinaison.

 Et ici, je fais toujours l'inverse de ce qu'il faut faire, sans parler d'un décrochage du à la faible vitesse, la chaleur, l'altitude et l'éloignement qui ne favorise pas la qualité du pilotage...

 Les maigres sapins sont vraiment proches : va falloir se décider à prendre une bonne décision... j'ai eu envie de poser là - avant la forêt. Comme il est coutume de dire en aviation : "le pire est l'absence de décision" alors allons -y, éloignons-nous encore du relief.

... et mon sémaphore s'éloigne toujours et les nuages masquant le soleil avancent à grands pas.

 J'avais prévu le cas tout de même d'une récupération au trou et j'étais chaussé de chaussures de berger des montagnes...Du solide et qui m'accompagnent depuis plus de 40 ans ! Mais les mollets seront-ils encore solides ?

 Vu d'en haut c'est un autre spectacle. Je pensais survoler une forêt dense et par moment je considérais la situation comme perdue : irrécupérable...

 A voir ce goulet revêtu de pierres blanches, cela semble quand même incroyable de ne pas trouver de quoi monter !

 Puis je m'éloigne enfin de la pente. Je n'avais pas d'autres choix car il allait disparaître de ma vue masqué par le relief d'un plateau et là enfin, le petit engin  planant qui n'était plus très visible décide de s'accaparer d'un courant ascendant digne de ce nom.

 Dans ces moments difficiles pour un planeuriste le plus dur à gérer c'est ce qui se passe dans la tête...En particulier le classement des priorités après une synthèse rapide de la situation. Et ne pas  - si possible - se laisser enliser par des états d'âme confus : J'y crois, je n'y crois pas, il monte - ouf ! Oui mais cela va-t-il durer ? Bref, plutôt que de gamberger je ferais mieux de piloter proprement me disais-je...

Enfin le revoilà à hauteur du point de départ ! Mais la décision est prise : je pose ! Je suis fatigué par cette épreuve et tant pis si on n'a pas dépassé le sommet du Mont Ventoux. Je n'ose pas dire "Ce sera pour une prochaine fois".

L'atterrissage une loterie certes, mais soyons attentif  à la vitesse qui doit rester suffisante pour la manœuvrabilité (on est en vent arrière) mais aussi pour réaliser le palier montant en attendant le contact (bruyant) avec le sol.

Le sol le voici et je le trouve presque convenable. Mais il y a pire à deux pas d'ici...

La Mobius n'a pas aimé la brutalité du contact et s'est libérée de son support ce qui m'a fait craindre sa disparition en vol. Elle a donc continué son travail de caméra jusqu'à sa découverte dessous l'aile... Un bon point pour la Mobius  : en plus elle est robuste !

La revoici en place et au travail dans sa coquille pour vous saluer en vous souhaitant une bonne journée ! Et vous amis planeuristes, ne vous laissez pas intimider par le lieu et cette histoire car - lorsque les conditions sont bonnes - et bien vous pourrez voler détendu avec grand plaisir sur le "Géant" de Provence ! Merci encore  Alexandre : ta présence m'a été précieuse !   Papy GR