L'ASW 28 de Pierre

                                                                        Scale 1/2...

  Page publiée le 23 avril 2010 et actualisée le 01 février 2013  

 

 

ASW 28-PG au 1/2

ASW 28-WF au 1/3

ASW 28 -mini

ASW 28 -OB

ASW28-18-JLN

 

 

 

 

Le Col Poutran (Isère) Altitude 1990 mètres 

 

 

Après de longues années passées en vol de pente avec des machines de la classe 4-5m, l’opportunité de voler dans un site permettant de poser de grands modèles nous a titillés et nous avons commencé à chercher une maquette de la classe 7-8m qui soit compatible avec nos contraintes. Je dis nous, car construction et pilotage de planeurs sont une passion familiale partagée par mon fil Loris.

Nous cherchions une machine facile à mettre en œuvre, que l’on puisse lancer à la pente avec une seule personne en plus du pilote, facile à piloter et pas trop rapide, mais nous y reviendrons.

N’ayant pas la possibilité de passer trop de temps (100h max) sur la construction du modèle, il nous fallait un kit avancé sur lequel travailler en toute confiance. Finalement l’esthétique (remarque toute personnelle) de l’ASW28-15 au demi l’a emporté. Les données de base sont donc ramenées à 7,5m et environ 20-25Kg. il ne restait qu’à valider les contraintes de vol ci-dessus.

L’activité de Rosenthal ayant été reprise par Aéroglide, une jeune société Alsacienne spécialisée dans la réalisation de grands planeurs, c’est tout naturellement que je suis tombé sur Hubert, premier grand moment de passionnés. « Aucun soucis de pilotage, vol lent, c’est un gros Alpina » ( Pour ceux qui connaissent, le planeur de 4m ultra connu de Multiplex/Tangent dans les années 80/90 ).

Le lancer ? «  on pousse dans le trou… ». Le planeur étant destiné à la pente, il suffisait d’avoir un trou suffisamment grand, c’est chose faite au col du Poutran.

Passons au modèle lui-même et deuxième surprise. Nous étions habitués aux kits du commerce plus ou moins avancés, dans le cas présent et s’agissant d’artisanat, il est possible de choisir les options de construction ; magique.

Les Ailes, plaine ou pente ? pour la pente, renforts en carbone tout le long de l’aile. Aileron, un ou deux servos, par sécurité deux servos par surface de contrôle. Articulation, en demi rond. Clef d’aile flottante ou fixe, c’est plus une question de goût et d’habitude, Hubert ayant conseillé un fourreau en carbone et une clef en fibre, je me suis rangé à cet avis.

Stab : un ou deux volets ? même raisonnement que pour les ailerons, deux surfaces et deux servos qui seront placés directement dans le profil.

Dérive : Le poids n’étant pas un problème, Aeroglide propose de monter une platine sur un rail, directement dans le plan de dérive, bien et plus de jeu du tout.

Aerofreins, Obligatoires, nous y reviendrons durant le vol.

Volets : l’ASW28 n’est ni un Toons ni un Pilatus, son domaine de vol n’est pas la voltige, il est donc possible de faire l’impasse sur ces surfaces, cela simplifiera la construction.

Fuselage : Les atterrissages à la pente sont parfois plus rudes qu’en plaine, et le rapport de masse sur épaisseur du fuselage nous laisse présager des dégas répétés si l’atterrissage se faisait sur le ventre, donc l’option est prise de poser un train, rentrant pour rester au plus près d’un look maquette et aussi première erreur. Hubert m’avait conseillé un train freiné, je n’ai finalement pas pris le frein et nous verrons plus tard que cela aurait été préférable. Après deux heures de discussion animée, commande est passée, nous sommes mi-avril et la date de livraison est arrêtée au 21 Juin, soit environ deux mois de délais de fabrication, ce qui est tout à fait raisonnable et nous laissera trois semaines pour finir notre «  PasDuTout Ready To Fly ». Deuxième erreur, il ne restait « que » la radio, l’équilibrage et l’entoilage. Rien de sorcier…Chérie, je vais bloquer le salon plus longtemps que prévu.

Le kit

C’est en général la section la plus fournie d’un essai mais il n’y a presque rien à en dire. C’est du classique, très bien fini. Quelques détails méritent notre attention.

Le plus frappant dans le changement d’échelle 4->8m est que certains réflexes très ancrés chez le modéliste amateur se trouvent bousculés voir opposés.

 La taille et le débattement des gouvernes laisse perplexe avant le premier vol. Les ailerons, la dérive et tout particulièrement la profondeur semblent petits voir sous dimensionnés. De plus les charnières en demi-rond limitent mécaniquement le débattement aux alentours de +/- 30°. C’est assez nous a dit Hubert, il s’est avéré est carrément modéré. La réalité nous a enseigné que plus un planeur est grand et plus les gouvernes sont efficaces. Ce qui nous paraissait peu au premier abord s’est révélé  trop en vol.

Dernier repère à changer, inutile de chasser le poids, « il sera trop léger de toute façon » avait dit Hubert. « tu veux un water-ballast ? »  Heu….au secours !

Les ailes sont en polystyrène expansé, coffrées bois et renforcées en carbone sur toute la longeur. Clef d’aile en fibre de xx mm et 100cm, passant dans un fourreau en fibre et renforcé par un couple en CTP sur tout la section du fuselage. Les puits de servos sont en places ainsi que les capots et les AF sont posés. L’aile complète de 360cm pèse moins de 5kg, étonnant, rappelez vous, il sera trop léger de toute façon.

Le fuselage est quasiment terminé. Pour ceux qui disposent d’un salon de 8x4m, une fois poussés les meubles, on pourra essayer une mise en croix à condition de demander à tous ceux qui vivent là d’aller voir ailleurs pendant deux jours. Hubert a donc réalisé la mise en croix, merci Hubert. Le volet de dérive est articulé ( mais non Loris, puisque je te dis qu’il n’est pas petit). Le train est posé et fixé sur un énorme coupe en CTP de 20mm, les trappes font finies. Les articulations étant réalisées avant la découpe, une astuce à retenir.

Pas de Karman, puisque les ailes de l’original viennent épouser le galbe du fuselage.

Pour les amateurs de chiffres. Fuselage 320 cm, section du maitre couple 3 x cm, Ailes en deux parties (j’ai pas de camion dans mon garage) 240+80 ( à vérifier)

La construction

Une notice, pour quoi faire. Chaque modéliste expérimenté a ses habitudes. La seule chose à savoir est le centrage et la puissance des servos. Ceci nous amène tout naturellement à parler de l’électronique.

Avec 25Kg en vol, seule la sécurité compte. Toutes considérations d’économies sont à proscrire. Les fonctions critiques sont entièrement doublées. Les câbles sont siliconés et de 0,5mm2 de sections. Chaque servos est alimenté séparément.

Profondeur, 2x 12Kg, numérique, pignon métal, taille standard

Aileron, 12Kg par  demi aileron donc 4 servos en tout. Numérique, pignons métal, taille standard

Direction, Une fois 25Kg, numérique, pignons métal, taille standard

Train, Une fois 25Kg, taille quarter scale. Analogique, pignons résine

AF, Analogique, 3kg, pignons résine

En ce qui concerne le choix des servos et sans entrer dans des questions religieuses, deux points sont à considérer. La précision du neutre et le couple. La vitesse est moins importante, nous ne sommes pas en VGM. Donc au final, 6x HS5645 (aileron, profondeur) , HS5955 (Direction), HS805 (Train) et deux servos standards aux AF.

Un mot sur la fixation des servos. Nous utilisons le même système depuis de nombreuses années. Le servo est enduit de cire à démouler, positionné sur le flanc du capot et maintenu en position par quatre points de résine. Deux vis de trois mm et une planchette en fibre finissent le montage. Le capot est ensuite fixé à l’aile par 4 vis bois. Le tout prend 10mn par servos et c’est démontable ( voir photo)

L’alimentation électrique est confiée à deux accus NiMh de 4Ah et une powerbox, impossible de faire l’impasse sur un tel dispositif étant donné la consommation des 10 servos. Même une ligne en court-circuit ne mettrait pas en danger le modèle. Le récepteur est un Multiplex 9 voies à synthèse de fréquence, relié aux 5 voies de la Powerbox, le train et les AF sont reliés au récepteur, ces fonctions étant sub-critiques.

Les ailes sont finies au vinyl blanc après un léger ponçage, nous n’avions pas le temps de jouer les carrossiers. Les commandes sont confiées à des tringles de 3mm et chapes à boules les guignols. Attention à la géométrie. Les deux demi ailerons étant sur la même voie de la Powerbox, les chaînes de commande doivent être identiques pour obtenir le même débattement, il faut donc rattraper la diminution de l’épaisseur de profil.

Équilibrage

Point clef s’il en est, le nez légèrement vers le bas, pour avoir un centrage un peu avant pour le premier vol. Le planeur est donc suspendu par deux fils de Nylon passés autour des clefs. Le lest est confié à 4 Kg de plomb de ceinture de plongée fixés par une sangle sur un couple de 10mm collé à la résine lente et renforcé par des mèches de carbone. Cela peut paraître surdimensionné mais le posé à la pente est parfois dur et il faut encaisser les chocs.

 En vol

Cette fois il n’est pas question de courir face au vent pour « sentir » si le centrage et la mise en croix sont corrects. Il va falloir faire confiance au montage et aux réglages.

On aurait préféré être seul aujourd’hui pour cacher notre stress mais la pente en plein été et pleine de monde et le montage n’est pas passé inaperçu. Nous attendrons de Rémi (que l’on ne présente plus) nous donne de précieux derniers conseils pour le « jeter » et  le circuit d’approche final. Le chemin est reconnu, les repères pris par rapport aux sommets des montagnes environnantes. Les manches sont confiés à mon fils, beaucoup plus sur que moi aux commandes bien que pas moins stressé. La checklist est terminée.  YAPUCA.

Deux amis portent le planeur à bout de bas à 3m du trou. Le train est rentré, les mains du porteur sont positionnées légèrement en arrière de la clef pour assurer un lancer queue haute et les porteurs lâchent les ailes. Incroyable, il ne pèse plus que la moitié de son poids et Loris contrôle déjà le roulis, il n’y as plus qu’à pousser le planeur sur son rail, sans effort. Un léger piquer pour prendre de la vitesse, deux crans de trim à cabrer ( le centrage est avant par sécurité) et le 28 est dans sont élément. Plus personne ne parle, tout le monde est figé par le réalisme incroyable du vol. Hubert, tu avais raison, pas de quoi en faire une montagne, plus c’est gros plus c’est facile à piloter.

 

Un pilotage 3 axes propre et un bon contrôle de la dérive en virage et en spirale et tout baigne. Le vol lent donne l’impression d’être arrêté, les gouvernes restent très efficaces. Trop en fait. Pour revenir sur les débattements, et malgré les conseils avisés d’Hubert, nous avions utilisé tout le débattement jusqu’à la limite mécanique. Même un passage en Dual Rate à 60% n’a pas calmé la vivacité de la bête. Tout cela sera corrigé par la suite.

En vol rapide et en passage le long de la pente, rien à dire, le planeur est sur un rail, en bas de boucle ou de renversement au moment de la ressource la flèche reste raisonnable, l’effet d’échelle est à son maximum, le pilote et son père tout à leur satisfaction.

La dimension permet d’explorer un espace de vol inaccessible aux 4m. Cool. Trente minutes sont passées, le volume des virages est maintenant bien assimilé par le pilote. On passe au plan A de l’atterrissage, et gare au changement de volume. Ses conseils éclairés de Remi, le volume d’approche est triplé par rapport à un 4m même rapide tel le Condor. Pas question de pousser sur la profondeur pour régler l’altitude sous peine d’une accélération immédiate et incompatible avec le retour sur le plancher des vaches. Le dosage se fera aux  AF, sortis à 25%, le léger couple piqueur est compensé au manche avant de pourvoir être programmé, et il ralenti, ralenti, il semble presque à l’arrêt avant la sortie du train. Mais cette sensation est trompeuse, plus il approche et plus la vitesse réelle est appréciée. Heureusement, la piste en herbe fait 150 m et est parfaitement tondue, on ne touche plus à rien, Contact à 20 m du début de piste, léger rebond et ça roule, ça roule, en fait, ca n’en fini plus de rouler, mais où est le frein ! Au final, entre le premier contact est l’arrêt complet, toute la piste a été avalée voir même un peu plus. Tout va bien, la tension retombe.

 Conclusion
Après 15 ans de modélisme et de nombreuses réalisations, cet ASW28 concrétise la réalisation d’un rêve de toujours. Il est et reste à la hauteur des attentes. Chaque vol reste un événement et n’est jamais banal. Merci à Loris qui a accompagné son papa dans cette aventure. Merci à Michel qui nous a appris à piloter et merci à Remi pour les photos et ses conseils très précieux pour une première expérience à cette échelle.

Si l’aventure vous tente, n’hésitez pas, armez vous de patience, calme et rigueur et j’espère que votre épouse est compréhensive…

Pierre-Henri

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Évidemment il faut plusieurs lanceurs parfaitement synchronisés mais aussi musclés. Outre le poids qui n'est  pas négligeable, la tenue de ce planeur dans le vent est une autre paire d'aile...

Atterrissage en remontant la pente sur une zone visiblement fauchée qui pourrait, peut-être, être utilisée pour un décollage plus académique à la catapulte. Pierre nous précisera ce point ...