Voler en montagne...

  Page publiée le 23 novembre 2010 et actualisée le 17 février 2014

 

 

 

 

VTR

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 Un vrai sport aérien ...

Le vol en montagne avec nos grands planeurs est l'activité qui mérite vraiment  le qualificatif de << sport aérien >>. Tous ceux qui pratiquent cette activité savent qu'il faut - selon le lieu  - beaucoup donner physiquement pour enfin voler. Une heure de marche, voire plus, avec le matériel, la nourriture, l'eau sans oublier jumelles et appareils photos cela dépasse souvent  les 20 kg ! Et en montagne un kg de plus ou de moins ça compte ! Curieusement je n'ai jamais rien lu sur ce sujet de la part de nos docteurs spécialisés en MRA, preuve de plus que cette facette de l'aéromodélisme est très mal connue, voire ignorée et pourtant elle ne date pas d'hier !

 

Quelques précautions dictées par la sagesse...

Un cœur en bonne santé est indispensable car les efforts sont parfois violents lors de la montée. Une visite sérieuse chez votre cardiologue s'impose si vous n'êtes pas un grand sportif suivi régulièrement. La visite du docteur de famille exigée aujourd'hui en France n'est pas suffisante si ce dernier ne prend pas en considération les  exigences spécifiques du vol en montagne. Et comment le saurait-il si vous ne lui expliquez pas ? Si pour votre docteur la pratique du MRA se limite à rester immobile le regard tourné vers le ciel, son contrôle s'apparentera à une brève formalité suivie d'un chèque de 23 euros. Vous serez donc bien inspiré de lui expliquer dans le détail ce à quoi vous vous exposez.

Du parking au site de vol...

Pour ne pas transformer ce qui pourrait être une bel exercice de sport en calvaire il convient de :

  • s'équiper de bonnes chaussures de montagne.
  • bien harnacher le matériel en prenant soins de ne pas comprimer votre cage thoracique avec les sangles.
  • laisser une liberté totale à vos membres supérieurs pour faciliter la respiration.
  • marcher lentement et régulièrement en maîtrisant sa respiration : plus facile à dire qu'à faire !
  • ne pas parler pour être à l'écoute de son corps et mieux gérer sa respiration.
  • prévoir des vêtements de rechange arrivé sur le lieu de vol.
  • préférez les chemins que les raccourcis plus abrupts
  • évitez de souiller les pâturages car c'est le plat du jour de nos ruminants.
  • faire des poses si nécessaire lorsque on manque d'entraînement

La remontée du trou mais à pied...

Prendre en compte aussi la remontée du trou du planeur. Certains sites sont faciles d'accès mais lorsque le planeur est posé en bas il faut aller le chercher. Des efforts importants inattendus à gérer là aussi.

Nos amis suisses sont les planeuristes les plus expérimentés en la matière. A droite Anthony qui loge tout le matériel dans un sac à dos spécialement conçu pour cette application. Tandis que Marcel se réserve le fuselage du Pilatus et Steph la voilure...Dur la montagne !

Parvenu sur le site de vol la catapulte est le moyen le plus sûr pour mettre en l'air un GPR. Là aussi des efforts sont exigés et il est préférable d'être deux. Il est bon de rappeler qu'avec l'altitude et la chaleur un planeur exige plus de vitesse pour sa mise ne l'air. Si vous pratiquez le VDP en bordure de mer et que les lancés ne vous posent aucun problème, oubliez vos habitudes car ici à 2000 mètres votre planeur vous réservera de mauvaises surprises. Prévoir environ 20 % d'énergie en plus. Et si comme ci-dessus la zone de lancement est trop courte pour s'élancer sans partir avec le planeur, seule la catapulte permet d'emmagasiner l'énergie nécessaire.

 

Explorer  la pente...

Une fois en l'air il est bon dans les premières minutes de vol d'explorer le secteur de vol pour le cas où vous êtes le premier à voler. Dans le cas contraire, ne pas lancer son planeur lorsque d'autres planeurs ont du mal à se maintenir en l'air. En effet il est parfois difficile de partager la seule ascendance disponible sans risque de collision. Mieux vaut attendre !

Lorsque la zone "donne" les planeurs volent plutôt vite : C'est le moment de voler et de s'exprimer en prenant soin de ne pas gêner les autres pilotes.

Il est recommandé d'annoncer ses intentions et de définir un sens de passage par exemple de droite à gauche, cas le plus fréquent. Un passage s'effectue généralement à hauteur des yeux sur l'horizon. Les changements brutaux de niveaux de vol sont propices aux collisions, c'est le cas de la voltige. Si vous voulez pratiquer un peu de voltige, il est préférable de le signaler et vous réserver une zone d'évolution si le site le permet. Dans le cas contraire, vos amis s'abstiendront de voler quelques minutes pour vous regarder voler.

0bserver l'évolution...

Le temps en montagne évolue très vite car l'énergie est abondante. Au début de la journée, les cumulus se forment et se défont, leur base est plate c''est une belle journée qui s'annonce. Par contre si les premières barbules se forment trop tôt - des 9 heures attendez-vous à des orages dans la journée. La masse d'air est très instable, il sera préférable de partir tôt voler pour espérer voler quelques heures sans subir le mauvais temps. Dans tous les cas surveiller l'évolution des cumulus qui ne manqueront pas d'évoluer en cumulus-congestus puis en cumulonimbus. Arrivé à ce dernier stade la vigilance s'impose car il faut prendre en compte le temps pour plier le matériel et le temps pour se mettre à l'abri.

Bref ne jouer pas aux intrépides en montagne car la sanction est parfois sévère.

 

 

  Des pèlerins d'un autre temps...

 

 

La brise de pente lèche les pentes, les parois puis elle s'élève au-dessus du relief pour aller former les cumulus. C'est le cas ici, le Pilatus exploite les ascendances de crêtes qui ont pris naissance sur la face exposée au soleil.

 Face sud toujours, le SB10 de votre serviteur utilisant la brise de pente aux pieds des Diablerets (Suisse)

Pas nécessaire de solliciter les cervicales : on vole à hauteur des yeux en ayant pris la précaution de trouver une surface plane (parfois difficile) pour faciliter le pilotage.

 Le pilote - lors d'un passage - est toujours à l'écoute de son planeur. Ce n'est donc pas le moment de lui parler et le déconcentrer

L'atterrissage en remontant la pente...

La première fois c'est toujours un exercice un peu contre nature. En effet on a le vent dans le dos - bien que faible (brise de pente) et puis ça monte sérieusement.

Le circuit ...

  • amener le planeur environ 15 à 20  mètres au-dessus de la zone d'arrêt complet du planeur souhaitée.
  • débuter votre circuit rectangulaire en plongeant vers la vallée pour exécuter votre dernier virage (un 180 ou bien deux 90) à un niveau et une distance telle que l'énergie cinétique acquise puisse être résorbée lors de la remontée de la pente. Difficile de chiffrer ce point car cela dépendra de la portance du moment, de la finesse de votre planeur et de sa masse. En partant toujours de la même altitude vous serez alors capable d'ajuster votre circuit et de le reproduire. Sans cette précaution, votre précision d'atterrissage en souffrira.
  • Ce circuit d'atterrissage est réalisé en survitesse (au moins 30 à 40 % de plus ). Cet excédent de vitesse est nécessaire pour réaliser un "pseudo-palier" qui sera parallèle à la pente. La perte de vitesse est rapide aussi il conviendra d'obtenir ce palier entre 50 cm et 1 mètre avec un bon badin. Le débutant hésitera à trop s'approcher du sol par crainte de le percuter. Il faudra pourtant s'habituer à cette situation car il n'y a pas d'autres solutions.
  • On n'arrondi pas mais on se rapproche du sol en conservant une inclinaison nulle et on laisse faire le planeur. Lui il sait dirait JAS !

 

Une altitude du point de départ du circuit d'atterrissage ne permettant pas d'acquérir l'énergie cinétique pour franchir le sommet de la pente et passer derrière...   

 

Pas de catapulte ? Pas trop grave si vous disposez d'un sportif averti ...

 

... capable d'approcher la vitesse de sustentation du planeur.

Ici le DG 400 sur la pente de Corps

Parfois - comme dans les rêves - une épouse sportive et compréhensive propose de descendre  le planeur au parking

 

Fin de journée à la Croix des Chaux au-dessus de Gryon (Suisse) et des souvenirs plein les yeux